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Le Cassandre
20 mars 2017

Le Front national et la police

Ce doit être dans les gènes de tous les mouvements nationalistes d'aimer la police. Après tout, elle incarne l'autorité, l'ordre, la force, la puissance, autant de valeurs qui font froufrouter leur cœur de petite frappe endurcie, jamais plus à son avantage quand il s'agit de dénoncer le laissez-aller ambiant, la perte des valeurs, le déclin supposé d'un pays gangrené par des hordes d'étrangers colonisant toutes les couches de la société. Vieux et éternel fantasme d'une France blanche, chrétienne, propre sur elle, fille aînée de l'église, belle-fille du Maréchal, cousine usurpée de Jeanne d'Arc, travail, famille, patrie, on est chez nous, la France aux Français, aux vrais Français s'entend, pas aux demi-portions rapportées qui avec leur sang mêlé, leurs origines lointaines et douteuses, souillent de leur seule présence le drapeau tricolore. On connaît la chanson. Ceci ne prêterait pas plus à conséquence si bien souvent la police ne trouvait pas aussi à son goût ces partis du repli sur soi: la dernière étude du Cevipof situe au-dessus de 50% le vote Front national parmi les fonctionnaires de police. Oui il est permis d'avoir peur. Oui il est légitime de se demander si avec un tel niveau d'adhésion, la police nationale effectue sa mission de maintien de la paix et de protection de la République dans une neutralité d'opinion irréprochable à même de traiter avec la même bienveillance le petit Loïc que le dénommé Karim. Ou Théo... Je ne prétends pas que tous les policiers sont des racistes enragés prompts à jouer de la matraque sitôt aperçu le premier visage un tantinet foncé, je dis simplement que lorsqu'un corps constitué adhère avec un tel niveau d'enthousiasme à une formation politique dont l'unique argument est de stigmatiser à tout-va l'étranger, vous êtes en droit de vous poser des questions. Et de demander des comptes. Et de s'émouvoir quand, on ne sait par quel tour de passe-passe, on ose qualifier d'accident l'intrusion d'un bâton de police dans le fondement d'un jeune homme. J'entends bien qu'il est tout sauf facile d'être policier, qu'ici et là il doit faire face à une aversion à même de dégénérer à tout instant en violence, qu'il risque parfois sa vie pour assurer notre protection, mais ceci, aussi vrai soit-il, ne l'autorise en rien à préjuger de la dangerosité d'autrui au seul motif de sa couleur de peau ou de la consonance de son nom. En rien. On attend du policier la même chose qu'on exige du professeur : une éthique irréprochable, une stricte application du règlement et une impartialité absolue. Et ce, en toutes circonstances. En toutes circonstances. Ce qui, de toute évidence, est loin d'être le cas. Je n'ai jamais eu à traiter avec la police, j'ai toujours été un brave garçon, je n'ai jamais rien volé, rien cassé, je ne me suis jamais bagarré, je ne me suis jamais retrouvé dans des situations compromettantes, je ne sais rien de la banlieue et de ses malaises, je n'ai jamais eu à exhiber ma carte d’identité ou à épeler mon nom –c'est heureux!– mais si, n'ayant rien à me reprocher, j'avais eu à le faire et ce, sans motif apparent, je crois bien que j'aurais nourri vis-à-vis d'elle une rancœur, une méfiance et un ressentiment à nul autre pareil. Et d'imaginer un seul instant ce que cette police-là pourrait s'autoriser si d'aventure Marine Le Pen succédait à François Hollande, voilà de quoi sentir passer le souffle de cet arbitraire odieux qui s'abat sur celui dont le seul tort est d'être différent.

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